L’État viole les droits les plus élémentaires :
droit à la sécurité,
droit au logement,
droit à la vie et à la santé…
L’État détruit les logements et le lieu de vie de gens qui n’ont pas d’autres moyens de subsistance et qui ont légitimement choisi leur style de vie, et ne font de mal à personne…
L’État détruit les cultures et l’habitat (pollution par les armes telles que les grenades, entre autres)…
L’État à fait des BLESSÉS auxquels il refuse des soins en interdisant aux secours (pompiers et autres bonnes volontés) d’entrer sur la zone…
L’attitude de l’État est inacceptable et illégitime
L’État attaque les ZADistes qui sont des gens pacifiques — qui se défendent légitimement des abus et agressions perpétrés contre eux par l’État lui-même, dont le premier est la violation de leur DROIT À LA VIE ET À L’AUTODÉTERMINATION — et désireux de se construire un avenir que n’offre pas l’État car l’État n’a RIEN à offrir !!! (Il n’essaie même plus…)
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VOUS NE NOUS ÉCRASEREZ PAS
Un article par Hervé Kempf
C’est un rude coup qu’ont encaissé la Zad et tous ses soutiens. Mais les idées qu’elle incarne, son expérience passionnante, sa promesse d’une contre-société pour demain n’ont pas été abattues. Et c’est pourquoi la lutte continue, bien vivante.
C’est bien un très sévère coup sur la tête qu’ont pris les habitantes et habitants de la Zad de Notre-Dame-des-Landes et toutes celles et ceux qui savent ce qui se joue là : entre lundi 9 avril et vendredi 18 mai, une intervention de plus de 2.000 gendarmes, armés de véhicules blindés, drones, hélicoptères, grenades, fusils, grues, caméras, et tutti quanti ont dévasté la nature, blessé les corps, meurtri les âmes. En avril, les militaires ont déchaîné une violence inédite, causant des centaines de blessés. Début mai, sous cette contrainte, la majorité des habitants ont déposé des projets de régularisation de leurs activités – veillant à les lier entre elles – auprès de la préfecture. Les 17 et 18 mai, les gendarmes sont revenus détruire des habitats précisément ciblés. Au final, une impression de gâchis, de tristesse, d’amertume. Et sous le joug de la force brute d’un État aux mains de l’oligarchie, le sentiment de l’impuissance.
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Ce qu’il reste de La Freuzière
Dans les jours et les semaines à venir, les gendarmes – certes en moins grand nombre que durant l’intervention – continueront vraisemblablement à maintenir une pression sur la zone, occupant les voies de communication et menant des incursions ici ou là. Au niveau de la préfecture, le gymkana épuisant de négociation administrative se poursuivra pendant de longs mois, sous la pression d’une partie de la profession agricole et du conseil départemental.
Au total, environ 40 habitats sur les quelques 100 que comptait la Zad ont été détruits ou murés, et leurs occupants chassés. En termes monétaires, l’opération a coûté 300.000 € par jour selon une estimation de journalistes de France Inter : environ 100.000 € pour chaque cabane ou habitat détruit !
Ce qui s’est passé est la plus importante opération de “maintien de l’ordre” engagée depuis 1968. Avec, pour la première fois depuis encore beaucoup plus longtemps, l’emploi de moyens militaires, confirmant l’analyse que la guerre civile est engagée à bruit plus ou moins bas.
Le plus impressionnant, et qui apparaîtra nettement avec le recul du temps, est que cette force démesurée a été déployée pour mater quelques… trois cents personnes, qui se revendiquaient paysans, boulangers, brasseurs, charpentiers…. ou rien du tout. Quelle menace justifiait-elle une si invraisemblable disproportion des forces ?
L’enjeu apparent était de faire croire que “l’ordre républicain” – une invention de la novlangue macronienne – était “de retour”, de satisfaire l’envie de vengeance de tous ceux qui rêvaient d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, de tenter de persuader tous les mouvements sociaux – réprimés par ailleurs – que l’État des riches ne lâcherait rien, d’affirmer la position autoritaire de M. Macron.
Mais la machine macronienne est suffisamment puissante et maîtresse des médias pour avoir pu choisir entre plusieurs options. Elle aurait pu enterrer discrètement le dossier Notre-Dame-des-Landes, si elle l’avait voulu. Et peu de monde y aurait à vrai dire prêté garde, de la même manière qu’après le drame de Sivens, la gestion du lieu s’est continuée par des commissions et réunions de négociation des “acteurs” sans qu’on en entende plus parler à l’échelle nationale.
M. Macron et ses gendarmes n’ont pas détruit l’esprit de résistance, l’imagination, la rébellion contre leur monde sinistre
Si l’étalage spectaculaire de la force brutale a été choisi, c’est parce qu’il y a un enjeu de fond à Notre-Dame-des-Landes, une bataille idéologique, un enjeu de conquête des esprits. Ce que dit la Zad – non seulement ses habitant(e)s, mais toutes celles et ceux qui la soutiennent, viennent la visiter, participent de loin à sa vie et à son esprit –, c’est qu’il est possible de vivre autrement : en respectant la nature, dans la sobriété, sans rapport de domination. C’est-à-dire le symétrique opposé de ce que défendent MM. Macron, Philippe, Collomb et Hulot : une société destructrice de la nature, promouvant la croissance, ancrée dans l’inégalité.
Autrement dit, la Zad est une contre-société qui expérimente ce que sera la société de demain, quand les dits Macron et compagnie auront sombré dans les poubelles de l’histoire. Une contre-société stimulante, séduisante, et roborative, bien plus que la start-up nation qui enchaîne ses adeptes à des écrans d’ordinateur dans un univers artificiel. Voilà pourquoi il fallait la détruire, dans l’effort pour défendre un ordre insupportable, comme il faudrait détruire l’opposition aux Center Parcs de Roybon et du Jura, au Grand contournement de Strasbourg, à l’A 45, au projet Cigéo de Bure, à Europacity, etc.
Mais voilà aussi pourquoi la force n’a pas défait ce qui constitue le cœur brûlant de la Zad : M. Macron et ses gendarmes ont blessé, détruit, ravagé, meurtri, mais ils n’ont pas détruit l’esprit de résistance, l’imagination, la rébellion contre leur monde sinistre. Un monde où le plastique empoisonne les océans, où le béton recouvre les champs et les forêts, où la machine brise les vies et multiplie les chômeurs, où l’argent volé à la société est planqué dans les îles Caïman ou au Luxembourg.
On a pris un coup sévère sur la tête. Mais on est vivant, debout, et bientôt plus gaillard que jamais. Pour l’écologie, maintenant, il faut se battre.
Publié le 19 mai 2018 sur Reporterre : https://reporterre.net/Vous-ne-nous-ecraserez-pas
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